Il devient souvent nécessaire de prendre des mesures pour protéger nos proches en situations de dépendance. Pour cela, il existe diverses solutions légales qui permettent de veiller sur eux et leurs intérêts. Parmi ces options, nous allons nous pencher sur le concept d’habilitation familiale, une mesure encore méconnue mais très efficace.
Qu’est-ce que l’habilitation familiale ?
L’habilitation familiale est une disposition juridique récente qui permet à un ou plusieurs membres du cercle de proches de gérer les affaires personnelles, patrimoniales ou administratives d’un majeur incapable de pourvoir seule à ses propres intérêts. Pour davantage de détails, vous pouvez consulter ce guide détaillé afin de comprendre l’habilitation familiale.
Celle-ci représente une alternative à la tutelle, car elle est plus souple et moins contraignante. De plus, cette mesure privilégie l’intervention familiale plutôt qu’une intervention extérieure, renforçant ainsi le lien de confiance entre les parties impliquées.
Les objectifs de l’habilitation familiale
L’objectif principal est de permettre au proche désigné de prendre des décisions au nom de la personne protégée, que ce soit pour des démarches administratives, bancaires ou de gestion quotidienne. Ainsi, elle offre une protection tout en respectant leur autonomie autant que possible.
En outre, il s’agit d’une solution permettant d’éviter des lourdeurs administratives et judiciaires souvent associées aux autres mesures juridiques de protection, comme la tutelle ou la curatelle.
Comment se déroule la procédure d’habilitation familiale ?

La mise en place de l’habilitation familiale nécessite certaines étapes clés, incluant notamment l’obtention d’un certificat médical circonstancié et l’autorisation du tribunal compétent. Voici comment se déroule le processus.
Étape 1 : Le certificat médical circonstancié
Pour initier la demande, il est impératif d’obtenir un certificat médical circonstancié. Ce document est délivré par un médecin choisi sur une liste établie par le procureur de la République. Il atteste de l’incapacité de la personne à s’occuper de ses affaires de manière autonome.
Le certificat devra préciser la nature de la maladie ou de la déficience, son évolution prévisible ainsi que les conséquences sur la capacité de la personne à gérer ses biens et à prendre soin d’elle-même.
Étape 2 : La demande au juge des contentieux de la protection
Avec le certificat médical, la famille peut alors saisir le juge des contentieux de la protection. Il examinera la demande et s’assurera que toutes les conditions sont réunies. Cette étape inclut souvent des auditions des proches et de la personne concernée pour vérifier la pertinence et la nécessité de la mesure.
Étape 3 : La décision du juge
Le juge délibère ensuite sur l’attribution de l’habilitation familiale. S’il approuve la demande, il délivrera une ordonnance précisant les pouvoirs conférés à la personne habilitée. Cela peut comprendre la gestion des comptes bancaires, la vente ou l’achat de biens immobiliers, ou même des décisions concernant la santé de la personne protégée.
Les avantages de l’habilitation familiale
Adopter une mesure d’habilitation familiale pourrait bien simplifier la vie de votre proche dépendant et de toute la famille.
Moins de contraintes judiciaires
Contrairement à d’autres mesures juridiques de protection, l’habilitation familiale engendre moins de contraintes judicaires. Par exemple, le tuteur n’a pas besoin de rendre compte annuellement de sa gestion des biens de la personne protégée, offrant ainsi une plus grande liberté et fluidité dans les démarches quotidiennes.
Plus rapide à mettre en place
De plus, le processus est également plus rapide. Souvent, il suffit de quelques mois pour obtenir l’ordonnance d’habilitation familiale, contre parfois plus d’un an pour des mesures plus traditionnelles telles que la tutelle.
Limites et vulnérabilités de l’habilitation familiale
Bien que l’habilitation familiale présente de nombreux avantages, elle n’est pas sans inconvénients ni limites. Il est donc essentiel d’être conscient de certains aspects avant de décider de sa mise en œuvre.
Durée maximale de 10 ans
Tout d’abord, l’habilitation familiale a une durée maximale de 10 ans. Au-delà de ce délai, une réévaluation de la situation sera nécessaire pour décider si la mesure doit être renouvelée ou éventuellement remplacée par une autre forme de protection juridique.
Dépendance totale envers le proche habilité
Ensuite, il est crucial d’instaurer un climat de confiance solide. La personne habilitée détient un pouvoir important sur les affaires de son proche, pouvant conduire à des abus. D’où l’importance de choisir judicieusement la personne qui sera investie de cette responsabilité.
Nécessité de procédures administratives initiales
Même si la mise en place de l’habilitation familiale est plus simple comparée à d’autres dispositifs, elle requiert néanmoins de suivre des procédures administratives spécifiques pour s’assurer de la légitimité de la démarche. Une certaine préparation et rigueur sont donc nécessaires.
Qui peut demander l’habilitation familiale ?

La notion de cercle de proches est centrale dans cette mesure. En effet, seuls certains membres de la famille peuvent faire une demande d’habilitation familiale.
Parents directs et conjoints
Généralement, il s’agit essentiellement du conjoint, des parents, enfants ou grands-parents de la personne nécessitant protection. La fratrie, ainsi que les cousins et cousines peuvent aussi formuler une demande.
Autres personnes proches
Sous réserve d’établir un lien affectif fort et stable, d’autres membres de la famille élargie ou même des amis proches peuvent, en justifiant de motivations valables, engager une requête auprès du juge des contentieux de la protection.
Comparaison avec d’autres mesures de protection
Il peut être utile de comprendre les différences entre l’habilitation familiale et d’autres mesures juridiques de protection disponibles pour mieux orienter ses choix.
Alternative à la tutelle et curatelle
À la différence de la tutelle et de la curatelle, l’habilitation familiale ne nécessite pas une surveillance judiciaire stricte et continue. Elle repose majoritairement sur la bonne foi et l’implication de la famille.
Toutefois, si la situation de la personne se complique gravement, entraînant des risques tels que des abus ou des négligences, le juge peut révoquer l’habilitation et envisager une mesure plus contraignante comme la tutelle.
Protection des majeurs vulnérables
Cette mesure vise principalement la protection des majeurs en incapacité temporaire ou permanente. Toutefois, elle peut également présenter des enjeux lors de protections partielles, ou évolutives selon les phases de santé de la personne concernée.
Opter pour l’habilitation familiale est une alternative douce et humaine aux mesures de protection plus restrictives. En assurant des décisions favorables respectant autant que possible l’autonomie de la personne concernée, elle permet de garantir la sécurité et le bien-être de notre proche dépendant en facilitant et accélérant la prise de décisions importantes.